Des milliards d’alliés
La microflore intestinale
À la naissance, les nouveau-nés arrivent au monde avec un système gastro-intestinal stérile. En quelques jours, un microbiote essentiel au maintien de la vie se développe dans leur tube digestif grâce au lait de leur mère et au nouvel environnement qui les entoure. Le microbiote endogène remplit deux fonctions principales. Il favorise le processus digestif en dégradant les sucres non digestibles en acide lactique et en acides gras volatils. Il participe également à la motilité intestinale, à la sécrétion et à l’absorption des nutriments et permet la synthèse des vitamines B et K.
L’effet barrière
Le microbiote a un pouvoir protecteur contre les agents opportunistes en inhibant la prolifération et l’adhérence intestinale de bactéries indésirables, en produisant des substances antimicrobiennes et en stimulant les défenses immunitaires. Le microbiote intestinal constitue une très grande partie de la population bactérienne contenue dans l’organisme humain et forme un écosystème extrêmement complexe. Chez un sujet sain, on peut trouver au moins 17 familles de bactéries, en plus de plus de 1 000 espèces et d’un nombre indéterminé de sous-espèces. L’apparition d’une maladie, l’ingestion de médicaments et un mode de vie qui ne respecte pas le rythme biologique naturel peuvent tous compromettre l’équilibre du microbiote. Dans ces circonstances, les bactéries endogènes ne peuvent pleinement remplir leur rôle de réglementation. De plus, l’équilibre entre les différentes populations bactériennes est perturbé et leurs avantages en termes de santé et de bien-être sont compromis.
La flore vaginale
Plusieurs études ont montré la complexité et la variabilité de la flore vaginale en fonction du cycle menstruel et du stade de la vie (principalement en raison de changements hormonaux et physiologiques).
Selon une étude américaine récente, les femmes en bonne santé possèdent 1 à 6 bactéries différentes que l’on trouve couramment dans le vagin. Les lactobacilles représentent 83% du nombre total de bactéries. Ces différentes espèces pourraient être regroupées en fonction de leur concentration. Chez les femmes adultes en bonne santé (post-puberté et pré-ménopause), non enceintes et non pendant leurs règles, la flore vaginale est principalement composée de différentes espèces de lactobacilles appelées flore de Doderleïn. L’identité de ces espèces était incertaine pendant longtemps parce que les méthodes d’identification phénotypique n’étaient pas assez discriminantes. En utilisant ces méthodes, les principales espèces de la flore vaginale ont été identifiées comme suit: Lactobacillus acidophilus, L. fermentum, L. plantarum, L. brevis, L. jensenii, L. casei, L. cellobiosus, L. leichmanii, L. delbrueckii et L. salivarius.
La méthode phénotypique n’a pas permis de différencier les membres des sous-groupes des sous-groupes. Jusqu’à 10 à 20 espèces différentes de Lactobacillus sont couramment présentes dans le vagin, notamment L. crispatus, L. gasseri, L. iners, L. jensenii et L. vaginalis. En outre, une équipe suédoise de chercheurs a récemment montré que, si le taux d’œstrogènes est très bas, les lactobacilles que l’on trouve habituellement dans le vagin peuvent être remplacés par d’autres lactobacilles, tels que L. rhamnosus et L. reuteri (…). flore vaginale. Cependant, il a été démontré que l’estradiol stimule la colonisation du Candida albicans dans le vagin, car cette levure exprime une protéine «liant les œstrogènes».
Même si les bifidobactéries sont généralement présentes dans la flore vaginale, il existe peu d’études sur ce type de bactéries. Une étude menée par une équipe russe en 1999 a montré que B. bifidum, B. breve, B. adolescentis et B. longum sont des sous-espèces prédominantes présentes dans la flore vaginale (…).
La microflore buccale
La cavité buccale abrite une microflore spécifique, souvent négligée. En effet, cet environnement chaud, humide et riche en nutriments constitue un habitat extrêmement favorable pour une grande variété de bactéries. Plus de 700 espèces de bactéries différentes ont été trouvées dans la bouche, dont 20% appartiennent au genre Streptococci. On estime que 60% de ces micro-organismes sont situés à la surface de la langue. La surface dentaire, qui représente une surface beaucoup plus petite, joue un rôle important dans la colonisation bactérienne, avec la formation d’un bio-film important adhérant à sa surface: la plaque dentaire. Chaque milligramme de plaque dentaire peut contenir 100 millions de bactéries. La microflore buccale évolue avec l’âge, en particulier en fonction de la présence des dents.
À la naissance, l’environnement stérile de la bouche est rapidement colonisé en quelques heures. S. salivarius est dominant chez les nourrissons et peut constituer jusqu’à 98% de la flore totale jusqu’à l’apparition des dents. Avec l’éruption des dents, apparaît une flore spécifique capable de coloniser des surfaces dures et non épithéliales: S. mutans et S. sanguis. D’autres souches de streptocoques adhèrent fortement aux gencives et à l’intérieur des joues. La crevasse gingivale constitue un habitat favorable pour diverses espèces anaérobies. La microflore buccale continue d’évoluer au cours de la vie, avec par exemple l’apparition de Bacteroides et de spirochètes à la puberté et une colonisation accrue par S. aureus et d’autres organismes aérobies chez les personnes âgées implantées.